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La France sera le premier pays à émettre des green bonds dès 2017

Saviez-vous que la France est à l'avant-garde en matière de finance verte ? Elle s'apprête en effet à devenir le premier pays au monde émetteur de green bonds ou obligations vertes souveraines. A partir du premier trimestre 2017, l'Etat français proposera ses premières "obligations vertes" afin de financer des projets liés à l'environnement et à la transition énergétique.

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C'est quoi, une obligation verte ?

Michel Sapin et Ségolène Royal ont annoncé, le 2 septembre 2016, que la première obligation verte d'État serait lancée par la France en 2017. Mais de quoi s'agit-il exactement ?

 

Une obligation verte ou green bond en anglais est avant tout une obligation, c'est-à-dire un titre de dette émis par une entreprise, un Etat ou une collectivité territoriale pour emprunter de l'argent.

 

Les investisseurs qui achètent ces obligations prêtent de l'argent à l'emprunteur, qui s'engage à le rembourser à une date et un taux d'intérêt prédéfinis. Mais contrairement à un crédit classique, une obligation est bien plus pratique et flexible car l'investisseur qui l'a achetée peut ensuite la revendre à un autre investisseur, qui peut à son tour faire de même.

 

Par ailleurs, une obligation est qualifiée de "verte" lorsque l'argent collecté sert à financer un projet participant à la protection de l'environnement ou à la transition énergétique. A titre d'exemple, EDF a déjà émis des "obligations vertes" pour financer la construction de champs d'éoliennes, de centrales photovoltaïques et d'unités de méthanisation.

 

Les "Green bonds" s'adressent donc aux investisseurs qui veulent verdir leurs investissements et faire fructifier leur argent tout en préservant l'environnement.

 

Pourquoi la France joue-t-elle les pionnières ?

Déjà en avril dernier, lors de la quatrième conférence environnementale de son quinquennat, François Hollande avait promis que l’État allait "demander aux banques publiques, comme la Banque publique d'investissement, de lancer des obligations vertes dédiées à des projets environnementaux."

 

Pays hôte de la COP21 en 2015, la France souhaite montrer l'exemple et entraîner d'autres Etats à sa suite afin que la finance se mette au service de l'environnement.

 

En plus de l'enjeu écologique, ce choix est aussi stratégique car le marché des green bonds n'en est qu'à ses débuts mais s'annonce très prometteur.

 

Il a connu une croissance de +50% depuis sa création en 2007, avec une forte croissance en 2014, puis son développement a légèrement ralenti en 2015 pour atteindre un niveau d'encours de 91 milliards de dollar en fin d'année.

 

Les obligations vertes représentent actuellement moins d'un pourcent des titres de créance négociés sur les marchés internationaux, mais sont promises à un bel avenir. Sur ce marché émergent, la France compte bien devenir un acteur majeur. Le ministre des Finances Michel Sapin a d'ailleurs déclaré qu'il souhaitait "faire de Paris l'une des places financières de référence dans le soutien à la transition énergétique".

 

Ségolène Royal s'est félicitée quant à elle que la France soit "le premier Etat au monde à émettre un emprunt d'Etat vert". Et c'est vrai : jusqu'à présent, aucun Etat n'a émis des obligations souveraines vertes, même si la Chine l'a déjà fait de manière indirecte.

 

Est-ce vraiment bon pour l'environnement ?

Certaines ONG de défense de l'environnement comme le WWF sont convaincues du fort potentiel du marché des obligations vertes pour accélérer la transition écologique et énergétique, grâce aux capitaux publics et privés que ces outils financiers permettent de lever.

 

Les ministères de l'Économie et de l'Écologie ont d'ores et déjà annoncé que "plusieurs milliards d'euros" pourraient être levés via ce mécanisme. Plus précisément, l'État chercherait à lever 9 milliards d'euros dès l'année 2017.

 

Cependant, le marché émergent des green bonds manque encore de critères et de référentiels solides. Il existe un risque de greenwashing : l'obligation n'aurait de vert que le nom et l'argent collecté ne servirait pas vraiment à préserver l'environnement...

 

Selon le WWF, seule une obligation pour laquelle l'émetteur peut démontrer des bénéfices environnementaux tangibles et mesurables, certifiés par un organisme indépendant devrait être considérée comme une "obligation verte".

 

La France l'a bien compris et a décidé de lancer, dès le début d'année, un label national baptisé Transition énergétique et écologique pour le climat (TEEC). Elle souhaite également définir un standard international, qui serait transparent et reconnu de tous.

 

De telles normes pourraient aider à structurer ce marché émergent et établir la confiance dont les investisseurs ont besoin pour que ce marché se développe.

 

Le directeur de WWF France, Pascal Canfin s'est réjoui de ces annonces et estime que "Paris peut devenir leader de la finance verte". Pour lui, ce projet a deux effets positifs importants. "Le premier est de montrer que c'est possible et donc d'entraîner les autres pays qui réfléchissent à le faire, comme la Chine ou le Royaume-Uni. Le deuxième est de sécuriser 9 milliards de financement public pour la transition écologique, quel que soit le résultat des futures échéances électorales".

 

Auteur :   |   Date de création :   |    Dernière mise à jour : 12/09/2016